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mercredi 26 mars 2014

De l'autre côté du mur d'Agnès Marot




Titre : De l'autre côté du mur
Auteur : Agnès Marot
Editeur : Les éditions du Chat Noir
Nbre de pages : 316

Quatrième de couverture :

Pour Sibel qui se consacre entièrement à la danse, le quotidien est un perpétuel ballet. Pourtant, tout bascule le jour où son lien à l’Art est coupé : on l’isole de ses sœurs, on lui refuse l’existence qu’elle aime tant dans cette communauté composée exclusivement de femmes. En tâtonnant pour retrouver tout ce qu'elle a perdu, elle entend des rumeurs, découvre des secrets propres à bouleverser sa conception du monde.
Mais alors, si la vie n’est qu’un immense théâtre, pour qui Sibel danse-t-elle ? Et surtout, que se trame-t-il en coulisse ?
Peut-être cet étranger au sourire narquois qui se définit comme un « homme » et ne lui parle que de Science pourra-t-il lui apporter des réponses. L’aidera-t-il à franchir l’enceinte qui délimite l’univers qu’elle a toujours connu ?
Découvrez le mystère qui se cache là-bas, de l’autre côté du mur…

A lire absolument si on aime :

- une écriture immersive

- les romans inclassables

- un univers original


A éviter si on cherche :
- des personnages stéréotypés


L'avis du critique :


Difficile de faire entrer ce roman dans une case, je crois que c’est pour cela que je suis tombée sous son charme. Pour moi, il se rapproche d'un conte dystopique, ou de la science-fantasy. Les ingrédients d’abord : un monde fermé, hiérarchisé, des relations codifiées, les écarts de comportement par rapport à la norme sévèrement punis, et une jeune danseuse passionnée par son Art. Au début du livre, elle accepte le système, et regarde avec cruauté exclure une de ses amies qui a commis une faute. Puis elle comprend que bien des choses sont cachées qui ne devraient pas l’être. Et bien sûr, les Maîtres lui disent que c’est pour le bien commun…

L’héroïne, Sibel, n’est pas aveuglée très longtemps par l’attachement aux règles et à son Art, et sa curiosité (ainsi qu’un être étrange et assez laid qui se dit « garçon », nommé Aslan) la chasse de son monde féminin à la fois protecteur et dominateur. Elle découvre « les coulisses », le monde des serviteurs, corvéables à merci, mal logés et mal nourris, qui dans l’ombre veillent au confort matériel des privilégiés. Elle sera soumise aux caprices des Maîtres et à leur cruauté et découvrira enfin ce qui se trouve de l’autre côté du mur. La personnalité des Maîtres me rappelle un peu les sorcières et monstres des légendes, dont on ne justifie pas vraiment les actes et c'est pour cela que De l'autre côté du mur a un petit côté "conte", je trouve.

L’Art, dans ce roman, donne lieu à des états de grâce, magiques, qui peuvent permettre de classifier le roman dans la fantasy. Par contre, nul dragon, nain ou princesse, l’auteur nous conte une fable, parfois cruelle, terriblement actuelle si on la lit sur plusieurs niveaux. On y parle d’exclusion, de tabous, de décisions prises « en haut » sans explication, d’une certaine ambiance à la « Dormez, braves gens, et ne réfléchissez pas trop »… Les métaphores autour du monde du spectacle m’ont personnellement ravie, avec ses coulisses, les passages secrets qui permettent de voir le monde des Artistes, tels les artifices et machineries des théâtres.

L’Art lui-même, décrit comme une faculté capricieuse, entourée d’interdit sous peine de le perdre, m’a paru une véritable trouvaille. Son lien avec la nature, le bien-être, et son opposition à la Science qui, elle, serait une faculté masculine incompatible avec l’Art, nous offre une métaphore intéressante de ce qui circule de nos jours sur le déterminisme lié au sexe. Les filles, plus artistes que les garçons ? Les garçons, tous scientifiques ? Et que dire d’Aylin, la grande amie de Sibel, qui aime tant découvrir toute seule le pouvoir des chiffres sans qu’on le lui ait jamais enseigné, et qui se garde bien de parler de ses trouvailles sous peine de sanctions ?

Ce roman offre de nombreuses pistes de réflexion !

Quant au style… Agnès Marot nous offre une écriture limpide, poétique, immersive car racontée à la première personne par Sibel. La jeune fille est attendrissante au milieu de ses doutes, de ses peurs, des humiliations puis des joies qu’elle rencontre sur sa route. On voit évoluer avec un peu d’amusement ses sentiments vis-à-vis d’Aslan pour qui elle n’éprouve au début de l’histoire que méfiance et colère.

Le monde des hommes est moins décrit que celui des femmes, ce qui me frustre un peu, seul bémol à cette lecture. Le parti pris de l'écriture à la première personne nous fait suivre l'histoire par les yeux de Sibel ce qui a cette conséquence. Croyez-moi, ce n'est pas grave en comparaison des qualités de ce texte.



le petit plus du livre : les références et les influences de l'auteur expliquées à la fin de l'ouvrage.








2 commentaires:

  1. Heureux que tu sois tombée toi aussi sous le charme de ce roman, que j’ai dévoré...

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  2. C'est une vraie réussite ! Agnès a fait un travail remarquable sur ce texte.

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Vos commentaires :