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jeudi 5 février 2015

Ecriture : une question de taille



Cela fait un bon moment que je n’ai pas donné de nouvelles ici. Disons que mon métier-qui-me-fait –manger est prenant en fin d’année et que diverses occupations logistiques pas forcément amusantes ont pris plaisir à croquer des bouts de mon temps libre.

Où en suis-je dans mes écrits ? J'aime bien faire le point. Cela m’encourage et finalement si vous êtes en train de lire ce billet, c’est que cela vous intéresse un peu aussi. 

Deux nouvelles qui toutes les deux, pour diverses raisons, ont eu un accouchement difficile, sont parties chez leur destinataire. 

Le plus important pour moi en 2015, c’est de terminer mon roman, Colonie(s).

J’en suis, je pense, à la moitié des corrections du premier jet. Je dis « je pense », car à ce stade-là de mon expérience en écriture de roman, je suis bien infichue de donner une taille approximative à ce travail. En effet, depuis le premier jet, le synopsis a été revu et critiqué par plusieurs bêta-lecteurs et j’ai corrigé ma copie. Là où j’en suis, je vais devoir supprimer des scènes (ça, c’est facile) et par contre en réécrire d’autres. Du coup, je ne sais pas bien quelle taille de manuscrit je vais obtenir.

 A vu de nez , Colonie(s) fera  700 ksec, un pavé. Pas une brique, hein. Une brique, c’est 1 million de signes pour moi. Mais 700 ksec pour un primo-romancier, c’est déjà un gros roman. Long à écrire, long à corriger.

Je viens de lire une réédition d’un roman de Michel Jeury que j’ai acheté chez Bragelonne en numérique, la croix et la lionne. Ce roman est sorti dans les années 80 en J’ai Lu, si je ne m’abuse. Donc c’est un texte de SF court, selon nos critères actuels, alors qu’aujourd’hui sortent surtout, à mon sens, des pavés ou briques, et des « beaucoup-logies » pour reprendre un terme amusant de Stéphane Marsan. La mode n’est pas trop à la novella ni au format bref.

Et pourtant.

Je me suis dit « Voilà un romancier capable de te brosser un monde et une culture alien en quoi ? 180 ou 200 pages ? Mon pavé fera au moins le double. Sera-t-il aussi d’aussi bonne facture ? Ah, ça, ma pauvre dame…

C’est assez dérangeant de se poser ce genre de question lorsqu’on est en train d’écrire, de son mieux, son texte. Mais Michel Jeury avait un talent efficace, un plume qui allait directement à l’utile sans que pour autant les sentiments et la délicatesse soient absentes. Bon, c’était un écrivain expérimenté avec un palmarès sans commune mesure au mien, bien entendu, mais c'est bien de tenter de s’inspirer des meilleurs, même si le résultat n’est pas à la hauteur de mes ambitions, hum hum hum… 

Dans la croix et la lionne, on a : de la conquête spatiale, une culture alien fouillée et passionnante, une société matriarcale (et cruelle d’ailleurs), avec l’explication de ses origines, des Terriens qui cherchent à s’adapter à cette société, une guerre, de l’amitié, de l’amour, de la tendresse paternelle, des déceptions… tout ça en un livre de poche. La narration omnisciente est peut-être moins immersive que dans des textes plus contemporains, mais punaise, j’ai dévoré ce bouquin. 

Maintenant, je suis en train de me dire, après avoir peut être pris (beaucoup ? Trop ?) le temps de décrire mon monde de SF dans mes 350 premiers ksec, que je vais essayer d’adopter ce style nerveux, qui n’exclut ni description, ni poésie, cette façon d’aller droit au but, et de me demander en face de certaines scènes, certes jolies et évocatrices, si elles sont vraiment utiles pour l’histoire. Et sortir la tronçonneuse.

Michel Jeury est décédé tout récemment. Le meilleur moyen de rendre hommage à son talent et à son imagination est de ressortir un de ces nombreux romans de sa bibliothèque. Et de s’émerveiller de ce qu’on pouvait faire alors en 200 pages.


6 commentaires:

  1. Courage pour les corrections, Dominique. En effet, réécrire est un autre sport, je suis en train d'y goûter aussi.
    Je ne connais pas Michel Jeury mais son univers et sa façon de travailer me semblent intéressants.
    Par contre, je me suis aperçu que la taille d'un roman dépend beaucoup du nombre de protagonistes qu'on y fait évoluer - pas uniquement des personnages de point de vue, mais vraiment de l'ensemble des protagonistes. J'ignore si le syno de Colonies que j'avais lu à l'époque a beaucoup changé, mais je crois me souvenir que dans ton cas, il y avait quand même du monde. À mes yeux, rien de gênant à ce que ton roman pèse 700K SEC du coup ;)

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  2. Merci de ton commentaire, Francis ! C'est intéressant de parler du nombre de protagonistes. C'est vrai qu'il y a du monde dans Colonie(s), et du reste j'ai commencé à élaguer, toujours en me disant : celui-là, il est sympa, mais à quoi sert-il, au fond, et est-ce que tel autre perso ne pourrait pas tenir le même rôle ? Bon, du moment que le lecteur ne s'ennuie pas, c'est le principal !
    Et Michel Jeury : oui, toujours intéressant de se replonger dans quelques auteurs fondateurs. Une SF qui fait voyager très loin !

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  3. Garde le moral et ne cherche pas à te comparer à truc ou à machin. L'important, c'est que ton bébé te plaise quand tu en auras fini avec lui :)

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    1. C'est vrai, Crazy. D'autant que ce discours peut s'appliquer à pas mal de gens (prononcer normalement^^), suivez mon regard ! :)

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  4. Ah, Colonie(s) <3 <3 <3… J’avais adoré les extraits de ton challenge !
    En ce qui concerne la taille, ne te fais pas de bile, 700.000 signes, c’est la taille de mon tome 1, et ça ne m’a pas empêché d’être publié… Il y a vraiment des fans de pavés en SF, que ce soit chez Bragelonne ou un autre éditeur. Je rejoins les commentaires précédents : cela ne sert à rien de se comparer à d’autres auteurs célèbres, chaque histoire est différente. Pour en revenir au nombre de signes, il faut ce qu’il faut… J’ai hâte de te lire en tout cas, je suis sûr que je vais être séduit par la version finale de Colonie(s) ! :D Courage ! Force et honneur ! :D

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  5. Merci de ton passage Escrocgriffe. Ton commentaire me va droit au coeur, je cherche un petit coin pour me cacher...Je me souviens de tes encouragements quand je postais mes extraits... Avancées : je viens de passer une semaine à corriger non stop, j'approche de la fin et finalement je me dis qu'il va bientôt être temps de l'envoyer à mes alpha-lecteurs.(là, je suis terrifiée à l'avance) Et je pense qu'il sera moins long que je le craignais. Quoique... en consacrant ainsi tout mon temps à l'écriture (car sur la fin c'est de l'écriture pure et moins de la correction) des idées me viennent pour refermer des portes, développer tel thème qui me parait important ou qui pourrait intriguer le lecteur. Enfin, c'est troublant, un peu comme si les personnages me soufflaient des idées à l'oreille...Bref, j'estime à 600 k environ le bébé final. Et il restera du boulot pour traquer ce que j'ai oublié de mettre sur le papier et qui est dans ma tête, les répétitions, les fautes, etc... Pfff, 'faut être fou pour écrire !!

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