Rechercher dans ce blog

samedi 26 novembre 2016

De l’apprentissage perpétuel



J’ai adopté depuis longtemps une devise qui me vient d’un de mes maîtres en écriture, Pierre Bottero. Il avait mis dans la bouche d’un de ses merveilleux personnages la phrase suivante : « N’oublie jamais, celui qui croit savoir n’apprend plus ». (Lisez Pierre Bottero, si ce n’est déjà fait).
Je suis convaincue par la justesse de cette phrase, à tel point que je dis couramment à mes proches que le jour où je cesserai d’avoir des projets et d’essayer des trucs nouveaux, ma fin sera proche.
C’est en vertu de cette phrase que j’ai testé le ski alpin à 46 ans, le piano à 44 ans, le chant rock à 39 sauf erreur, des tas de techniques de fabrication de bijoux sur une période de 20 ans, le tricot récemment, l’écriture à divers âges de ma vie pour me lancer sérieusement en 2012 (tiens, en même temps que le ski). J’envisage d’attaquer le japonais un de ces quatre, juste pour voir. On pourrait voir là une sorte d’hyperactivité alors que c’est juste l’expression visible d’une inlassable curiosité. J’ai toujours été comme ça.
Vous pouvez voir sur la page des Aventuriales la vidéo d’une table-ronde que j’ai animée lors de la dernière édition. Le thème en était la représentation de la femme en science-fiction et je m’étais entourée de quatre auteurs dont j’avais estimé qu’ils avaient parfaitement abordé le thème dans un ou plusieurs de leurs romans. Quel rapport, me direz-vous, avec le titre de ce billet ? Eh bien, c’était ma première fois.
Première fois à animer une table-ronde, où j’avais bien sûr pris soin de lire chaque ouvrage présenté, de me documenter sur le sujet, de réfléchir à la façon dont j’introduirai la table ronde, dont je la conclurai… J’avais préparé une bonne série de questions pour amener chaque auteur à parler de son travail sans pour autant concentrer l’ensemble du débat sur la question des femmes et de leur image. Je n’avais pas envie de faire de ces romans des manifestes féministes, mais bien de faire comprendre qu’on parlait d’abord de science-fiction et que, ce faisant, on pouvait construire des personnages féminins intéressants dans un contexte de science-fiction.
Je n’ai peut-être pas assez insisté ce jour-là sur l’importance que j’accorde au fait de trouver des personnages auxquels m’identifier quand je lis. Cela ne signifie pas que je ne m’identifie jamais à un personnage masculin. Mais j’ai quand même tendance à m’attacher plus facilement à un personnage féminin que masculin ou, en tout cas, à remarquer de plus en plus souvent quand elles sont absentes ou presque de l’histoire. Et à m’en agacer.
J’avais envie de dire aux personnes présentes dans l’assistance lors de cette table-ronde : tentez la SF ! La SF 100% homme pour homme, c’est fini. Il existe des auteurs et des autrices qui écrivent une SF pleine de diversité. Encore aujourd’hui, j’ai tant de mal à trouver des femmes fans de SF, en dehors de mon cercle élargi d’amis auteurs ou non ! Il parait d’ailleurs (je ne m’en souviens plus) que j’ai été suffisamment convaincante dans mes jeunes années pour convertir certaines de mes copines, et fière j’en suis !
Je ne sais pas si nous avons été convaincants. J’ai eu quelques retours de personnes estimant qu’on avait dévié du sujet, et pas grand-chose d’autre. Du coup je n’ai même pas regardé cette vidéo.
Pour avoir déjà eu l’occasion d’être filmée lors d’un entretien factice pendant mes études, je sais que tout se voit : les tics de langage sonore ou corporel, les hésitations, les blancs. Je sais que j’ai eu un blanc durant la table ronde, car je n’arrivais pas à assurer la continuité du débat. En fait, j’avais préparé des questions mais j’avais du mal à rebondir d’un invité à l’autre, tout en assurant un temps de parole à peu près équivalent à chacun. Vous savez quoi ? Ben, c’est vachement dur. Dur à la fois de lutter contre son propre stress, de suivre le fond de ce qui se dit, de trouver tout de suite le petit bout de sujet qui permettra de tendre une perche au voisin quand celui ou celle qui parle a terminé. C’est difficile. Et je mesure ainsi la maîtrise d’autres animateurs de table-ronde dont j’ai pu suivre les prestations, bien plus à l’aise que moi.
Je suis allée aux Utopiales fin octobre/début novembre : c’est un festival où de très nombreuses tables rondes ou conférences ont lieu. J’ai été impressionnée par le travail des animateurs et j’ai du mal à comprendre ce qu’ils font et comment. Jean Rébillat m’a expliqué sa méthode, qui rappelle une sorte d’organigramme d’idées autour du thème mais je ne sais pas si je saurais me servir de ça. Du reste, il est improbable que je retrouve l’envie de réitérer l’expérience. En fait, pour revenir sur la devise citée en début de billet, j’aurais au moins appris que je ne suis pas faite pour ça. En soi, c’est positif.

11 commentaires:

  1. C'est vraiment génial d'avoir plusieurs cordes à ton arc, bravo ! Je retiens qu'il faut aussi de l'audace et beaucoup d'enthousiasme... Intéressant. Sinon, complètement d'accord avec toi sur le fait que la SF 100% mec, c'est fini. Pour l'instant, je suis contraint d'utiliser un protagoniste masculin pour mon prochain romain, légion romaine oblige, mais dans le suivant ce sera clairement une héroïne.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. J'ai oublié de dire qu'en ce qui concerne mon roman avec le protagoniste masculin, je vais compenser avec plusieurs personnages féminins mémorables, enfin, je l'espère du moins !

      Supprimer
    2. Et pour répondre à ton deuxième commentaire, je n'ai aucun doute là-dessus ! (tout comme moi, je m'efforce d'avoir des personnages masculins pas tout lisses, avec des failles, des côtés sombres, etc)

      Supprimer
  2. Il me semble évident que dans le cas de ton prochain roman, tu sois obligé de te plier à l'Histoire et à la situation des femmes dans la société de l'époque, donc c'est bien normal que ton héros soit un homme. En SF, en revanche, comme on se place dans un monde futuriste, et à moins qu'on soit dans une dystopie où la condition féminine ait regressé par rapport à aujourd'hui, il n'y a pas de raison d'exclure les femmes du récit.

    RépondreSupprimer
  3. C'est bien vrai ! Finalement, peut-être qu'en SF tout reste à écrire ? ;)

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Comme dans tous les genres... Nos voix ne sont pas les mêmes que celles de nos prédécesseurs, c'est ce qui fait toute la beauté de la lecture et de l'écriture, cet éternel recommencement.

      Supprimer
  4. Je suis pleine d'admiration devant ton dynamisme, ton ouverture et ta liberté intérieure. Tu oses oser, expérimenter, prendre des risques. Vivre pleinement. Et cela n'a pas de prix. <3

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. C'est gentil, je crois que je m'ennuierais autrement. Ma mère était comme ça, mes frères aussi. Mon père était le plus conservateur. C'était reposant ! ^^ Toi aussi, tu as toujours des projets d'avance, tout en sachant vivre le moment présent. C'est précieux, aussi !

      Supprimer
  5. Comme je suis d'accord avec la phrase de Pierre Bottero! Dans notre société, c'est comme si une fois adulte, on ne pouvait plus apprendre ou s'intéresser à autre chose que son travail actuel, mais c'est faux! Il y a tant de choses à voir, à tester, à découvrir... Je suis impressionnée que tu aies réussi à cultiver cet esprit pendant toutes ces années, et je suis sûre que tu as encore plein de choses à découvrir dans les années à venir. La table ronde sur les femmes dans la SF, pour y avoir assisté, je l'ai vraiment trouvée intéressante, et je t'ai trouvé très bien en animatrice de table ronde! Je pense qu'il y aura toujours des gens pour apprécier certaines choses et moins apprécier d'autres, mais l'essentiel c'est de tenter, d'apprendre et de ne pas se décourager ;)

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Merci Florie ! Il y a un côté "mise en danger" sous le regard des autres dans l'animation de table ronde auquel je ne suis pas (plus) habituée. Je pense que, jeune fille, j'étais beaucoup plus sûre de moi. Je pense que c'est quelque chose que j'ai perdu en travaillant.

      Supprimer
  6. Mon message semble avoir été mangé. Je disais donc que la table ronde m'avait intéressé, et que la dérive n'était pas un problème, on restait quand même sur l'idée de départ. Ayant grandi avec les grands anciens de la SF, cela a un peu nourri ma réflexion sur le genre de mes personnages principaux, et sur l'idiotie d'en faire des hommes systématiquement. Donc pour moi, une réussite. Merci à toi, et bravo pour l'ensemble du travail fait sur ce salon.

    RépondreSupprimer

Vos commentaires :