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jeudi 22 octobre 2015

Seul sur Mars d'Andy Weir



Titre : Seul sur Mars
Auteur : Andy Weir
Editeur : Bragelonne
Nombre de pages : 404

Quatrième de couverture :
Mark Watney est l’un des premiers humains à poser le pied sur Mars. Il pourrait bien être le premier à y mourir.
Lorsqu’une tempête de sable mortelle force ses coéquipiers à évacuer la planète, Mark se retrouve seul et sans ressources, irrémédiablement coupé de toute communication avec la Terre.
Pourtant Mark n’est pas prêt à baisser les bras. Ingénieux, habile de ses mains et terriblement têtu, il affronte un par un des problèmes en apparence insurmontables. Isolé et aux abois, parviendra-t-il à défier le sort ? Le compte à rebours a déjà commencé…

A lire absolument si on aime :
De la SF, de la vraie, de la tatouée
Le suspens, l’action, l’intelligence, les maths, le disco, heu…

A éviter si on cherche :
Je ne vois aucune contre-indication. Vraiment.

L’avis du critique :
Hum.
Je n’aurai point de repos tant que je n’aurais pas écrit une chronique digne de ce nom pour ce roman. Non, mais, c’est vrai, quoi. Je me suis régalée et je viens me joindre sans arrière-pensée au concert de louanges que récolte ce bouquin.

A la base, Seul sur Mars ressemble à un Robinson Crusoë de l’espace. Sauf que Robinson avait Vendredi et Mark Watney est seul, au moins au début du roman, tant qu’il ne peut communiquer avec personne, et que la probabilité pour qu’un vaisseau passe par hasard près de Mars et vienne à son secours est nulle.
Accessoirement, il n’y a ni air respirable ni nourriture sur la planète rouge, à l’état naturel, alors Robinson est un petit joueur à côté de mon nouveau héros universel.

Pourquoi c’est si bien ?

D’abord parce que ça se lit tout seul. L’auteur ne s’embarrasse pas d’envolées lyriques, son style est simple, direct et efficace. C’est logique, parce qu’on parle de la survie d’un homme et d’un compte à rebours. Si vous voulez des descriptions interminables sur la beauté des rochers martiens, c’est pas le bon bouquin.
Ensuite par le choix narratif très futé : Mark Watney enregistre son journal à la première personne et au présent, donc on est en immersion immédiate. Tout ce qui se passe sur Terre, ou en cours de voyage spatial, est à la troisième personne et au passé. Le lecteur n’est ainsi jamais perdu et a l’impression de suivre l’affaire en direct.
Également par le réalisme de l’aventure. Je ne suis pas une experte en voyages spatiaux, mais vraiment, on y croit. Andy Weir a très habilement camouflé quelques technologies futuristes dans un ensemble réaliste, car déjà dans les cartons des agences spatiales mondiales. (*) On est dans de la hard science mais pas chiante, et c’est mon dernier point.
Enfin, surtout, coup de cœur pour le ton de l’histoire. Mark Watney est un mec génial, pas seulement parce qu’il est intelligent, multitâches, incroyablement courageux, que jamais il ne pleurniche, vraiment jamais, qu’il a un sens du bricolage ahurissant et est constamment en recherche d’idées pour sauver sa peau ou améliorer sa retraite forcée. Il est génial surtout parce qu’il a un humour et un sens de l’auto-dérision absolument salutaires dans un tel roman. A aucun moment il ne se prend pour Superman, il ne nous fait le coup du grand moment d’auto instrospection qui me hérisse dans nombre d’œuvres bien pensantes. Quand il dit qu’il est le meilleur botaniste de Mars, que voulez-vous, c’est la réplique qui tue. Sauf qu’il y en a plein comme ça dans ce roman. Lisez le, vous vous ferez du bien. Un héros positif comme ça, c’est un bonheur. Même quand il critique le disco.

Je ne spoile pas en disant que Mark Watney survit. Non, parce qu’il aurait été écœurant que le roman se résume au spectacle de l’agonie d’un homme abandonné sur une planète aride. En cela, ce texte représente à mes yeux une avancée morale autour de la conquête spatiale à l’heure où une initiative privée envisage d’envoyer des hommes et des femmes « coloniser » Mars façon télé-réalité dans un voyage en aller simple. Là, pour le coup, si le projet va à son terme, nous assisterons, petit à petit,  à la mort de ces gens, alors que nous-même siroterons un apéro en face de nos écrans. De ce que j’ai pu lire sur le sujet, les chances de survie des colons selon nos connaissances actuelles  sont très faibles, ne serait-ce qu’à cause de la longue exposition aux particules durant le voyage, et sur Mars même, qui ne bénéficie pas comme notre chère Terre d’une magnétosphère protectrice. Franchement, Mars One ne me fait pas rêver. Son côté « low cost » m’effraie.

 Seul sur Mars se rapproche bien plus d’Apollo 13 (j’ai adoré le film) où les experts de la NASA se bagarrent pour ramener sains et saufs les astronautes accidentés, alors que la Terre entière retient son souffle (et le spectateur aussi, d’ailleurs, même si là aussi, il connait l’issue heureuse de l’histoire).
Seul sur Mars ne la joue pas « low cost » : la NASA se défonce pour trouver comment sortir Watney de sa mort programmée, une solidarité internationale se met en place. Les moyens nécessaires sont déployés pour sauver un homme. Je suis peut-être naïve, incorrigiblement optimiste, mais j’ai trouvé ça beau et profondément humain. De la SF optimiste, ça vous dit ? Moi, je dis oui. Je lis pour rêver et pas pour désespérer, pour regarder devant moi sans crainte, et pas me lamenter sur le passé, j’aime la SF qui m’aide à avancer tout en m’ouvrant les yeux. L’apocalypse est peut-être devant nous, est-ce la peine de ne parler que de ça pour autant ? Honnêtement, un texte désespérant peut être magnifiquement bien écrit, chez moi, il restera sur le rayonnage (parfois même chez le libraire), sagement rangé à côté des autres œuvres « littérairement correctes » qui font bien dans le paysage bibliophile. Il n’aura pas l’honneur de faire un passage éclair sur ma table de nuit et de m’inciter à lâcher ce que j’ai à faire pour lire, allez, juste un chapitre de plus… et encore un…

Andy Weir vient de rentrer dans ma liste chouchou des « auteurs à suivre de près » en SF. J’espère de tout cœur que ses opus suivants seront du même acabit. Vu le succès de son roman, il doit se dire la même chose, le pauvre. J’imagine à peine la pression qu’il doit subir…

(*) Pour les sceptiques et les fans de science,  je vous invite à lire ce très intéressant article du CNRS où des scientifiques avec des vraies connaissances dedans disent le bien qu’ils pensent du roman, et les quelques bémols qu’ils ont, bien sûr.article du journal du CNRS clair et parfait pour les billes en science comme moi.



5 commentaires:

  1. Comme je suis heureux que tu aies aimé ce roman ! Au-delà de ça, je suis ravi que le ton optimiste te parle, c'est précisément ce qui me plait en ce moment dans la SF. Je pense que, comme toi, je fais un peu un rejet des univers glauques. Je suis pourtant un fan de films tels que Blade Runner et Alien, et j'adore la Compagnie Noire, Elric... Mais je suis de moins en moins en phase avec l'idée qu'une oeuvre mature est nécessairement sombre, comme si une fin dramatique était la seule qui soit digne d'intérêt. Tu as bien raison de parler d'Apollo 13, je pense effectivement qu'on peut amener de l'émotion sans pour autant sombrer dans la tragédie.

    Hâte de connaître ton avis sur le film ;)

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  2. Merci de ton passage, Amiral ! C'est sûr que ton conseil a été excellent, de nouveau. Et en effet, l'époque est suffisamment anxiogène pour qu'on n'ait pas besoin d'en rajouter une couche dans toutes les œuvres de fiction.
    Pour le film, j'attends ce soir avec impatience. Je ne manquerai pas de donner mon avis !

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