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mardi 12 janvier 2016

Pourquoi j'aime CATS



Je suis partie le week-end dernier à Paris en famille pour voir CATS au théâtre Mogador. J’en suis revenue toute retournée, comme prévu. Je l’avais déjà vu en 1989, lors de sa première production en français, à Paris (au théâtre de la Ville), mais j’étais bien moins bien placée que samedi et j’en ai un souvenir mitigé. Mais là… ce fut le grand frisson.

Comme j’ai évoqué sur Facebook mon amour pour cette œuvre, je me dis qu’il faudrait que j’explique pourquoi CATS me met dans cet état et pas une autre des multiples comédies musicales qui fleurissent au fronton des théâtres, Zenith et autres maisons des congrès de France.
Alors, pourquoi j’aime CATS et pourquoi le placé-je dans mon panthéon personnel des plus beaux spectacles de ma vie.

1)      Parce que c’est un chef d’œuvre qui a une histoire géniale :

Créé à Londres en 1981, cela fait donc 34 ans que ce « musical » fait salle comble partout où il s’installe. 73 millions de spectateurs depuis sa création, ce n’est pas un hasard ni un effet de mode.
A la base, la magnifique musique de Sir Andrew Lloyd Weber. Tout le monde connait Memory, mais CATS en entier comporte une partition fabuleuse, pleine d’énergie et de joie. Pour moi, c’est une des clés du succès de CATS et de l’effet qu’il me fait : c’est un concentré d’optimisme, porté par une exécution impeccable (et à Mogador, la musique est jouée en direct par un orchestre qui ne chôme pas). Moi, le The naming of cats ou le Jellicle ball, ça me met des frissons à chaque écoute. CHAQUE écoute. Et je connais la partition (et les chansons en anglais) quasi par cœur.

Juste pour préciser de qui on parle, Sir Andrew Lloyd Weber a remporté de nombreux prix et distinctions pour (et je résume) Jésus-Christ Superstar, Evita, le Fantôme de l’Opéra, etc.

** NDLR : les informations ci-dessous ont été reprises en partie du programme du spectacle : 

Je dis qu’à la base, il y a la musique, mais ce n’est pas tout à fait vrai. Au départ du début du commencement, ce fut Andrew petit garçon à qui sa mère lisait Old Possum’s book  of practical cats. Il avait six ans et il n’a jamais oublié ces poèmes pour enfants signés T.S. Eliot. Ces textes, de son propre aveu, le rendaient heureux. (nb : de l’importance de faire la lecture aux enfants : ça, c’est ma conclusion)

En 1978, le compositeur a l’idée d’écrire de la musique sur une partie de ces textes, pour voir. Et il a commencé à faire jouer ces musiques un peu partout à la façon d’un Pierre et le loup. L’accueil du public était encourageant. Il n’était pas encore question d’en faire une comédie musicale.

Et puis, le projet est né de sa rencontre avec la veuve de T.S.Eliot. Elle lui montre des textes inédits de son mari, en particulier Grizabella, the glamour cat, jugé trop triste par l’auteur pour rejoindre son recueil destiné aux enfants. Et puis, des notes où il est question d’un Jellicle Ball, et de rejoindre the Heavyside Layer…à bord d’une mongolfière. De quoi rêver, hein ?

Andrew Lloyd Weber rappelle qu’à la fin des années 70, Londres venait de s’ouvrir à la danse moderne et aux comédies musicales. On formait des tas de jeunes danseurs et danseuses à tour de barre.
Le compositeur a envie de se joindre à ce chouette mouvement et discute sérieusement du projet avec un jeune producteur, Cameron Mackintosh. Puis il s’entoure de talentueux acolytes : Trevor Nunn, metteur en scène, Gillian Lynne à la chorégraphie, et le décorateur (et concepteur des maquillages) John Napier.

Commence à circuler dans le West End la rumeur selon laquelle tout ce beau monde préparerait un spectacle basé sur des poèmes qui parlent de chats. Hum. Ils ont dû passer pour des fous… De plus, c’était un spectacle anglais entièrement dansé alors que la rumeur prétendait que seuls les Américains étaient capables de chanter et danser en même temps…

Je vous passe les détails, mais Lloyd Weber a quand même hypothéqué sa maison deux fois pour boucler le budget de la première production de CATS puisque moins de la moitié des financements prévus ont été versés, et la première a failli finir en catastrophe pour cause d’alerte à la bombe.
Et puis, paf ! Triomphe mondial. Depuis cette époque, le musical a été traduit en de multiples langues et joué dans le monde entier. 

J’adore les histoires comme ça, avec des gens qui innovent, ont le culot d’aller au bout de leurs idées et qui rencontrent un public.

2)      Parce que c’est une performance d’interprétation en danse

CATS, ce n’est pas juste un joli spectacle avec des danseurs costumés en chats. Dans cette œuvre, on peut réellement parler d’incarnation, car chaque danseur (ils sont 22) reçoit un rôle qui lui correspond. La distribution est faite en fonction des danseurs, en particulier de leur physique et de la forme de leur visage. A noter qu’ils en ont pour deux heures à poser leur maquillage avant chaque représentation…

Je ne vais pas mettre ici de photos de la production pour des raisons de droits, mais par exemple Emmanuelle Guélin qui joue Victoria (la chatte blanche, sensible et affectueuse, la première à essayer de tendre la main à Grizabella) ou Federica Capra qui se glisse dans la féline peau de Cassandra, longiligne chat siamois, sont parfaites pour leurs rôles. Que dire du magnifique Axel Alvarez, un Mister Mistopheles de toute beauté, à la technique qui se laisse (presque) oublier sous le costume du chat magicien ? Et je pourrais tous les citer, mais surtout je souhaite saluer l’esprit qui les anime et qui rejaillit sur le public. On ressent leur joie immense d’être là, leur enthousiasme est communicatif. Je n’ai pas pu m’empêcher de me dire que pour certains d’entre eux, être sur cette scène dans cette production était la réalisation d’un rêve de gosse. Que leurs années de boulot, d’efforts, de sacrifice, les courbatures et les blessures peut-être, tout cela était payé au moment où les premières mesures de CATS étaient jouées et qu’ils attendaient en coulisse le premier tableau pour entrer en scène. Devenir Demeter et chanter Macavity « so bluesy », bouger et être tellement sexy comme le Rum Tum Tugger, faire des claquettes comme la pétillante Jennychatoyante, rayonner comme Skimbelshanks quand le bazar qui règne sur le plateau se transforme en petit train, ça doit vraiment ressembler à un point fort dans une carrière de danseur pro. Ils étaient tous jeunes et beaux et ils m’ont mis une patate d’enfer.

A noter les mois de travail, non seulement pour apprendre la chorégraphie, mais aussi pour intégrer la gestuelle et la façon de bouger des chats. Les interprètes expliquent qu’ils ont observé comment les chats marchaient, couraient, sautaient, se reposaient et ont fait des exercices particuliers pour assouplir encore leur dos et imiter les mouvements de tête des félins, sans compter le nombre de fois où ils passent leur patte derrière l’oreille ! C’est un énorme effort d’appropriation qui vient rajouter une couche à la base technique solide qu’ils possèdent tous et le résultat est impressionnant. Il faut dire aussi que la chorégraphie de modern dance, devenue intemporelle, de Gillian Lynne, pleine de puissance et de délicatesse, est un bijou. Et sauf erreur de ma part, elle n’a quasiment pas bougé sauf sur les parties ajoutées ou modifiées, comme le Rum Tum Tugger.

Pour avoir vu la production française de 1989, et l’avoir trouvée juste bien voire pas mal, on a nettement franchi un palier avec ce spectacle : les ensembles étaient impeccables, et la technique des artistes sans défaut. (Ils ont de jolis CV aussi…)

J’ai juste un bémol par contre entre l’ancien CATS et le nouveau : le Rum Tum Tugger est passé de chat rocker à chat rapper. Bon, je préfère le rock, mais il est toujours aussi sexy, ce voyou, alors…

3)      Parce que c’est un spectacle familial avec des décors superbes


Les décors de CATS, une décharge bourrée d’un incroyable bric-à-brac,  sont à l’échelle des chats et adaptés au théâtre et au public local. Par exemple, parmi les déchets, une boite de filtres à café comme ceux que j’ai dans mon placard, un paquet de lessive bien connu en France, etc. C’est super bien fait et ça envahit non seulement la scène, mais ça escalade la salle pour encadrer le plateau jusqu’aux loges ! Des semaines de boulot bien sûr sont nécessaires pour habiller le théâtre de ces étranges atours qui font une partie du charme de ce spectacle. Il est même possible d’aller se faire prendre en photo à l’entracte avec le Vieux Deutéronome (c’est le grand sage des chats) dans les décors.

4)      Et parce que c’est sacrément bien chanté

Je suis d’accord, Memory, on l’a trop entendu. C’est sûr. J’ai été la première à rugir quand j’ai entendu certaines chanteuses « à voix » reprendre ce morceau pour en faire une performance vocale et rien d’autre. Désolée, mais Memory doit faire chialer, c’est tout, c’est de l’émotion, pas de la frime. Et la seule qui m’a fait chialer, c’est Elaine Paige, la toute première interprète de CATS à Londres. Elle avait déjà chanté dans Evita (Don’t cry for me, Argentinaaaa, c’est elle, avant Madonna, hein). Pour moi, c’est la seule qui chante ça en mettant ses tripes. Voilà, c’est dit.

En français, ben ça ne me fait pas le même effet, parce que je connais les paroles par cœur en anglais et que je les trouve parfaites, mais la chanteuse actuelle, Prisca Demarez, fait très honnêtement le boulot. Mais elle ne me fait pas chialer. 

Autrement, on a d’autres très belles chansons dans CATS et des chœurs superbes, en particulier le final, en français « Parler le chat » qui est un exemple d’harmonie.
Et je suis fan du morceau Macavity, qui est très jazzy. 

Voilà.

J’arrête de vous embêter avec ça.

J’ajoute que dans mes jeunes années, je dansais correctement et que je faisais partie d’une petite troupe amateur. L’année où j’ai arrêté les répétitions pour raison d’études (ou celle d’après, plutôt), la chorégraphe de la troupe a monté une adaptation de CATS, avec la musique et l’argument de l’original, de chouettes décors à l’échelle « presque » comme à Londres et des costumes et des maquillages... Et donc les copines ont dansé ça, sans moi. Je ne me souviens pas si elles ont eu l’occasion de le danser plusieurs fois, par contre. On n’a pas tant de dates que ça quand on est une formation non professionnelle, même si la passion et le trac sont similaires.

Je suis allée les applaudir, mais j’en aurais pleuré. Je ne l’ai pas fait, parce qu’on ne pleure pas pour un rêve envolé et que j’étais heureuse pour elles. Pourtant, plus jamais l’occasion ne s’est présentée pour moi de participer à un spectacle de cette envergure.

Cette fois-ci, j’arrête vraiment de vous embêter.

Mais j’ai un projet d’écriture sur la danse.

2 commentaires:

  1. Un (plusieurs) train(s) de retard comme toujours mais je ne pouvais pas lire ça et ne pas t'envoyer un gros gros câlin (pour l'occasion ratée de le danser !) et un grand piaillement d'excitation parce que tu as pu le voir en vrai à Paris. J'aime cette comédie musicale d'un amour, je pense, aussi immodéré que le tien. Merci d'en avoir parlé !

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    1. Merci cher(e) inconnu(e) ! :) Ce spectacle est marquant dans son genre et ne vieillit pas, ce qui prouve, je trouve, sa qualité. Heureuse de savoir que mon billet a trouvé un écho en toi. Merci de ton passage ! <3

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