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mardi 22 décembre 2015

Cent fois sur le métier...

Je vais mieux, le tsunami personnel est passé, alors me revoilà. Du reste, le calendrier se rappelle à mon bon souvenir. J’ai une correction de roman à finir pour fin décembre. C’est une bonne chose, un coup de fouet de plus pour reprendre le cours de ma vie.
Ce qui m’amène à  une petite réflexion au sujet de l’écriture.
Avant de commencer à travailler mes textes avec l’objectif de les faire publier, je m’imaginais le processus créatif chez les auteurs (« les vrais ») comme une sorte d’embrasement intellectuel qui leur dictait les mots, ce qui leur permettait d’accoucher à coup sûr et quasiment du premier coup d’un roman génial. Pour moi, l’écrivain était en premier lieu un Artiste soumis à sa Muse, avec ce que ces termes comprennent de mystère, voire de mysticisme.
Ça existe peut-être, hein. Mais bon.
En ce qui me concerne, je rejoins ce que j’ai lu chez Elizabeth George sur l’écriture, quand elle qualifie cette activité d’artisanat. Après avoir été surprise d’un premier abord, je me suis rendu compte que ce terme convenait parfaitement. En tout cas, c’est ainsi que je l’expérimente.
Le premier jet est une ébauche, donc déjà un objet,  sorti du néant (comprenez un roman, une nouvelle, etc) mais il n’est pas terminé. Ensuite, les phases de correction successives consistent en des peaufinages qui permettront d’en faire un « bel » objet (un « bon » roman, une « bonne » nouvelle, etc).
On ne fait pas de « bon » roman sans une ébauche convenable (une statuette qui tient déjà debout, les éléments d’un tableau déjà tous en place, etc.), donc un premier jet fini, mais beaucoup de travail reste à faire ensuite. Sachant qu’avec l’expérience, un artisan obtiendra un premier jet/une ébauche de qualité dès le premier essai.
Par contre, la taille compte. Size matters, comme ils disent dans les films de monstres.
Rodin n’a pas commencé à sculpter les Bourgeois de Calais dès ses débuts (en plus, à cette époque, il avait des assistants). Il a dû commencer par des petits trucs, une souris ou un chat. Moi j’ai commencé par écrire des nouvelles avant d’attaquer un roman. (Je ne me prends pas pour le Rodin de la SFFF, hein, c’est juste pour expliquer. S’il y a bien quelque chose que je n’ai pas, c’est la grosse tête. )
Parfois mes amis ou relations me demandent   « Alors, ton bouquin, ça avance ? ». « Bien sûr », dis-je, puisque je travaille dessus sinon tous les soirs (je peux avoir autre chose à faire, comme une réunion associative), du moins plusieurs fois par semaine, et j’y consacre la majorité de mon temps libre. Je suppose qu’ils s’étonnent du temps que cela me prend. Comme j’ai déjà publié des nouvelles, ils doivent penser qu’un roman est la même chose, c’est juste plus long à écrire, quoi. Il devrait être fini, depuis le temps, ce satané bouquin.
Hum.
Alors que j’arrive à la fin de ma phase de corrections post alpha-lecture, et que je réécris quasiment entièrement la fin du roman, j’ai l’impression de me retrouver avec un deuxième premier jet puisque des chapitres entiers n’ont pas encore été relus. Et je tremble parce que si cette nouvelle nouvelle nouvelle fin ne plait pas non plus à mes relecteurs, ce sera un peu décourageant. Maintenant, si elle ne fonctionne pas, j’ai besoin de savoir pourquoi. Il vaut mieux que ce soit eux qui me le disent qu’un potentiel éditeur déçu.
Depuis début 2012 où j’ai entamé l’écriture de ce roman, il a subi deux redémarrages « from scratch » (après 100, puis 180 ksec écrits), plus deux phases de corrections de fonds intégrales, sur un texte d’une longueur qui oscille, selon mon maniement de la tronçonneuse, entre 520 et 740 ksec. Pour l’instant, je n’ai presque pas retravaillé le texte lui-même, en grammaire et orthographe, style, rythme. Et je dois terminer  tout ça pour fin décembre puisque j’ai des lecteurs libres à ce moment-là.
Il va donc falloir que je termine le bouquin et que mes corrections de forme soient bien enclenchées voire terminées (mais j’ai un peu peur de ne pas avoir vraiment fini) en dix jours. En effet, je ne veux pas fournir un truc mal écrit à mes relecteurs qui ne se gêneront pas pour sortir le fouet, et ils auront raison. Heureusement que j’ai des vacances en décembre…
Voilà, l’écriture d’un premier roman, chez moi, ce n’est pas une fulgurance magique qui frappe le cerveau, c’est juste du boulot. Passionnant et dont je ne pourrais plus me passer, mais un vrai boulot, long, douloureux parfois, avec des phases où on se dit qu’on n’y arrivera jamais. Rassurez-vous, je ne suis plus/pas encore dans cette phase. (C’est quantique.)
Mon prochain article sera certainement le bilan 2015. On verra si j’ai tenu mon défi de fin d’année, de finir cette satanée phase de corrections.

PS : au fait, comme je suis partie pour écrire une suite, et même un tome 2, le roman s’appellera Colonie(s) : Sous la lumière d’Helios. Et le tome 2, Colonie(s) : je-ne-sais-pas-encore mais j’ai encore le temps pour ça. Oui, finalement pas mal de gens aiment le titre Colonie(s), alors… pff, c’est compliqué. 
Mais le titre peut encore changer. Le fait est que ce n'est pas le plus long à écrire, mais le plus dur à trouver.




4 commentaires:

  1. C’est passionnant de te lire, je me retrouve tout à fait dans ce que tu dis à propos de l’artisanat, que de temps consacré à l’écriture... Courage, tu vas y arriver !

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    1. Je me souviens avoir lu un jour sur le blog d'un écrivain dont j'ai oublié le nom qu'un roman représentait des centaines d'heures de travail. A l'époque, j'ai bêtement ricané. Je ris beaucoup moins aujourd'hui (enfin, si, de ma naïveté). Et... courage à toi aussi !

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