Dans ce billet , je vous ai raconté mes premiers jours de
salon à Épinal. Je vais donc enchainer avec la suite, c’est logique.
Jour 3 : Vendredi 27 mai, le jour du speed dating des
éditeurs
J’ai eu ce jour-là un programme assez chaotique parce que,
pendant les Imaginales, je m’arrête tous les cinq mètres pour dire bonjour à
des têtes connues, (exemple, ici, toute l'équipe de Kitsunegari avec Perrine Rousselot en Serpentard, la traîtresse ! ^^)
faire le tour des nouveautés chez les éditeurs, acheter et faire dédicacer des tas de
bouquins. Oui, des tas. J’en offre aussi, hein. Bon.
Je mentirais si je prétendais que j’ai abordé cette journée
sans une petite pique d’excitation, un peu comme pour un examen. Comme pour
tout examen, ma méthode consiste à me préparer à mort, pour faire face à
n’importe quoi. Jusqu’à présent, ça m’a plutôt réussi.
Alors, ça consiste en quoi, le speed dating des
éditeurs ? Il s’agit d’une super initiative du salon qui consiste à permettre
la rencontre, en un lieu tenu secret (et donc tranquille, on ne risque pas
d’être interrompu en pleine conversation) entre auteurs débutants et éditeurs.
J’ai participé à la 8ème édition de cet évènement très attendu.
Comment s'inscrit-on ?
1)
On a un dossier à présenter à l’avance car tous
les candidats ne sont pas acceptés. Pour cette année, les informations sur les
éléments à envoyer ont été diffusées le 7 avril. Il fallait fournir une fiche
d’inscription classique (nom, coordonnées, nom d’auteur, si on avait déjà
publié un roman, et si on avait déjà participé au speed dating des éditeurs…),
un pitch du roman à présenter, les 20 premières pages du manuscrit et une
courte biographie.
2)
On attend patiemment l’email qui accepte ou non
la candidature. A noter que, si on a déjà fait le SD, il y a des chances qu’on
ne soit pas retenu une deuxième fois, pour laisser leur chance à d’autres
candidats. Raison de plus à mon avis pour venir avec un projet bouclé parce
qu’il doit être rageant d’éveiller l’intérêt d’un éditeur pour lui dire
« Ben oui, mais là, j’ai encore au moins 6 mois de boulot pour finir mes corrections ».
Pour info, j’ai reporté deux années de suite ma participation, en pestant de ne
pas être prête, mais je ne le regrette pas.
3)
L’email d’acceptation (wéééé ! championne
du monde !!!... oui, bon, ça va…), peut sembler un peu tardif (cette
année, on a reçu le ok le 18/05 soit moins de 10 jours avant), donc il faut être
patient, et se tenir prêt à être à Epinal pour le vendredi à 17h30, heure du
rendez-vous pour le SD qui se tient à 18 h.
4)
L’email d’acceptation fournit une liste
d’éditeurs que l’on doit classer par ordre de préférence et renvoyer avant le
jour J.
Comment se préparer au mieux ? (dit celle qui n’a fait
que le speed dating mais n’a pas pour autant signé de contrat d’édition dans la
foulée, soyons bien clair !)
1)
Avoir un manuscrit prêt. On peut accrocher un
éditeur sur un pitch, mais vous connaissez l’expression « Battre le fer
tant qu’il est chaud » ? Donc, même s’il y a eu des précédents
d’auteurs qui ont réussi à placer un roman avant de l’avoir écrit,
personnellement je ne m’y risquerais pas, et je vous dis : arrivez avec un
projet fini. Ça vous évitera des coups de sang mauvais pour la santé.
2)
Blindez votre pitch !!! Alors c’est quoi un
pitch ? Perso, j’applique la méthode du pitch dramatique d’Yves Lavandier,
qu’il présente dans son excellent bouquin « Construire un récit »,
disponible aux éditions le Clown et l’Enfant : Dans telle arène, à la
suite de tel incident déclencheur, tel personnage se bat contre tels obstacles
pour atteindre tel objectif. Et une fois que vous l’avez écrit, répétez-le
comme une litanie, et sortez-le à volonté comme un robot. Si. C’est ce qu’on
appelle l’elevator pitch : le pitch que tout scénariste ou auteur
américain est capable de sortir immédiatement à l’éditeur coincé avec lui
pendant un trajet d’ascenseur. Soyons américain, damn it. (l’elevator pitch,
c’est un des trucs que j’ai appris à la master class Davoust/Dunyach, qui était
si bien)
3)
Ne vous prenez pas la tête non plus. Parce que
les éditeurs sont là pour vous écouter et comprendre votre projet, pas pour
vous déstabiliser.
Concrètement, ça se passe comment ?
Nous allons dans le fameux lieu tenu secret. Les auteurs
sont rassemblés dans une salle. Les éditeurs sont installés dans de petites
pièces (parfois à deux ou trois) et les noms sont appelés par les personnes
encadrantes, dont l’une d’entre elles est Silène Edgar. (en plus d’être une
romancière de talent, elle est une personne adorable).
Pendant que les premiers
appelés partent pitcher leur roman (chacun individuellement, en tête à tête, ce
qui est précieux), les autres patientent en bavardant ou stressent en silence,
ça dépend des tempéraments. Pour ma part, je connaissais une partie des
participants donc nous avons choisi l’option papotage, qui a fait passer le
temps plus vite. Silène nous a aussi briefés sur le côté
« non-vital » de ces rendez-vous. « Ce n’est que le premier
parmi toute une série que vous aurez dans votre vie d’auteur ». La voix de
la sagesse. L’ambiance était détendue malgré quelques déceptions pour des
auteurs dont les éditeurs préférés n’avaient pas pu se libérer.
Comptez deux heures pour passer tout le monde au rythme de
(normalement) 5 minutes par rendez-vous. Cela va très vite, on n’a pas le temps
d’avoir l’air génial ou incompris, juste de noter quoi envoyer où et
(important) l’email de la personne qu’on a rencontrée, histoire de lui faire un
petit mot personnalisé (« mais siiii, vous ne pouvez pas m’avoir oubliée,
voyons, c’est moi qui suis géniale et incomprise… »). Selon les éditeurs,
on vous demandera soit les premières pages de votre manuscrit, soit le
manuscrit entier, un synopsis, ou pas, c’est très variable.
Je ne saurais trop
vous recommander de vous munir de cet ouvrage : https://tremplinsdelimaginaire.com/site/?page_id=97
Le Grimoire Galactique des Grenouilles est un très sérieux
guide des éditeurs de l’imaginaire. Cette édition est parue en 2015 et mon
exemplaire est bourré de post-its. Vous y trouverez entre autres des conseils de présentation de manuscrits
que, néanmoins, je vous recommande de revalider sur les sites internet des
maisons concernées. Les exigences peuvent varier et les soumissions fermer
momentanément : inutile dans ce dernier cas d’envoyer votre bébé.
Bon, et moi, ça s’est passé comment ?
Plutôt bien, je suis contente. J’étais à l’aise (je suis
tranquille à l’oral, en général), et surtout j’ai eu en face de moi des
personnes bienveillantes. J’ai vu 4 éditeurs sur les 8 possibles (sachant que
pour certains, mon projet ne convenait pas). J’ai eu le plaisir de voir que mon
pitch paraissait intéressant.
On m’a posé deux questions (pas plus, parce que
je suis bavarde toute seule ^^)
1)
Quel est le type de la planète où arrivent vos
colons ? Donc je suis partie dans les explications de ma naine rouge et de
ma planète en orbite synchrone. J’ai eu l’impression d’être convaincante (pour
autant que je puisse l’être puisque je ne suis pas non plus astrophysicienne,
hein)
2)
Pourquoi un diptyque ? Plus sioux,
celle-là. J’ai répondu la vérité, qu’en fait, au début, j’étais partie sur un
stand-alone, et puis en écrivant et surtout en trouvant la fin du tome 1, j’ai
eu une illumination cosmique, et je me suis dit « Tome 2 ». Cette
explication un peu allumée a fait sourire mon interlocuteur, c’est déjà
ça !
Au final, les éditeurs que j’ai vus m’ont tous proposé
d’envoyer mon texte à leur maison, soit en vue de l’étudier, soit pour me faire
un simple retour (dans ce dernier cas, la raison en est qu’il s’agit d’un gros manuscrit
et qu’ils n’en publient pas). C’est donc une expérience très positive, dont je
suis revenue pleine d’énergie (et ce d’autant plus que les copains
m’attendaient à la crêperie, oui, toujours la même,
et m’ont accueillie avec
une ovation digne de la découverte d’une nouvelle voie sur l’Everest !)
Bon, je crois que j’ai fait le tour de la question. On passe
au …
Jour 4 : samedi 28 mai : interviews et photos,
pique-nique et pitches à la volée
Pour mon fils Max, dont c’était les premières Imaginales,
nous avons filmé quelques interviews d’auteurs et autrices et d’un éditeur.
L’objectif était de fabriquer une petite vidéo à présenter à sa classe à son
retour au collège (une initiative personnelle, le collège n’avait rien demandé
de particulier et accepté qu’il s’absente pour venir à Épinal). Toutes les
personnes que nous avons sollicitées se sont très gentiment prêté au jeu, donc
nous avons mis Aurélie Wellenstein,
Cassandra O’Donnell, Cindy van Wilder,
Jean-Sébastien Guillermou, sur le pont de son stand
Pierre Gévart, John Ethan Py et Paul Béorn dans la
boîte. Le résultat, monté par André au retour du salon, était vraiment chouette
(quoique j’ai loupé l’enregistrement de Cassandra, mais je me suis souvenue de
ses réponses, c’était le principal).
Max a posé les questions suivantes :
1)
Pourquoi écrivez-vous ?
2)
Dans quel genre littéraire et pourquoi ?
3)
Quel est votre préféré parmi vos romans ?
4)
(à l’attention de l’éditeur) En quoi consiste le
travail d’éditeur ?
Je pense que je vais faire une petite compilation des
réponses dans un billet suivant, car les réponses étaient aussi variées
qu’intéressantes.
Le samedi midi a lieu tous les ans le pique-nique des
Imaginales. Ce fut un délicieux moment passé en bord de Moselle, il faisait si
beau !
Je ne résiste pas à remettre ici cette image de Jean-Claude Dunyach, en pleine découpe de magret :
Ce fut aussi l’occasion de pitcher entre petits cakes et cannelés,
car un éditeur profitait lui aussi du beau temps et écoutait volontiers les
auteurs qui souhaitaient lui parler. Nous avons vécu un joli moment de
francophonie car se sont retrouvés ensemble auteurs québécois, français, suisse
et belges, autour de victuailles et de quelques bouteilles. C’est ça aussi, les
Imaginales.
Une image d'un des magic mirrors, un des lieux où se déroulent les tables-rondes :
Tout ceci mis bout à bout, ajouté à quelques achats et
dédicaces de livres a fait s’envoler la journée à toute allure.
Et donc…
Snif !
Jour 5 : dimanche 29 mai : un jour écourté pour
cause de retour
Toujours un peu tristounet, le dimanche matin. On sait qu’on
va rentrer, que c’est presque fini. Des amis sont déjà partis. On fait les
derniers achats, on fait la tournée des bises, une dernière conférence…
La fresque terminée :
Je me
rends compte que j’ai très peu suivi les tables rondes cette année, néanmoins,
j’ai assisté à celle sur Gulf Stream avec intérêt puisqu’elle expliquait la
ligne éditoriale de la collection Electrogène. J’ai compris que mon projet
actuel ne leur conviendrait pas. C’est important d’être capable de faire ce tri
là, afin de ne pas envoyer à des éditeurs des manuscrits clairement pas faits
pour eux. Tout le monde gagne du temps, dans l’affaire.
Il est bien assez long, ce billet, et puis, je déteste les
adieux.
Donc, à l’an prochain, Épinal !
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