Aujourd’hui, j’ai envie de rendre hommage à ces héros et
héroïnes ordinaires, invisibles et pourtant implacables et indispensables à mon
travail : les bêta-lecteurs et bêta-lectrices.
Le bêta-lecteur (Vous me permettrez de rester au
masculin/neutre pour alléger ma prose) est la personne qui va prendre de son
temps (d’écriture personnelle par exemple, car il est souvent, lui aussi,
écrivain) pour m’aider à peaufiner mon texte.
Donc, il va se pencher sur un roman pas terminé, une
promesse de bouquin, quoi. Le lire en détail, pendant des jours ou des
semaines, alors que ce roman n’est pas encore bon.
Il lui reste des fautes, des répétitions, des
incohérences (« hé ! La balle extraite page 235 a déjà été extraite
page 32 ! » Rigolez pas, je l’ai faite, cette bêtise…), des
personnages instables (le gars si courageux au début du roman qui panique 150
pages plus loin, au moment de la Grande-Baston-De-La-Fin pour permettre à Machin
d’intervenir et de lui sauver la vie…), une chronologie fantaisiste
(« page 12, tu dis qu’ils en ont pour 3 semaines, et finalement page 376
ça dure 6 mois ? »), des portes qui changent de place, voire des
évènements qui tombent comme un cheveu sur la soupe, bref…(bon, je ne les ai pas toutes faites, celles-là, mais c'est pour faire comprendre...)
Ces héros que sont les bêta-lecteurs vont me servir de
cortex de remplacement quand le mien sera incapable de faire tout seul
l’analyse ci-dessus. Et en plus, ils vont le faire gentiment, pour m’aider.
Même pas sûre d’ailleurs qu’ils aient tous un roman à me faire relire en
retour, là, tout de suite.
Et pourquoi tu ne relis pas ta bouse toute seule,
Domi ? Eh bien, parce que je l’ai déjà fait, maintes fois, que j’ai fait
tout ce que j’ai pu pour traquer les bêtises. Mais, arrivée à un certain stade, je ne vois plus les
défauts. Ou, ce que je prends pour un potentiel défaut va plaire à un
lecteur, alors qu’un truc que je trouve follement originaaaal va faire bondir
(ou rigoler) ce même lecteur. Tout simplement, mon moi auteur a tellement le nez
dans le texte qu’il n’arrive plus à prendre du recul.
Quand le retour de lecture des bêta-lecteurs arrive, on peut
ressentir un choc, surtout quand on est un auteur débutant. Je me souviens des
bêta-lectures sur mon premier extrait de roman de 3000 signes… Je les ai lues, le
cœur battant. Ces bêta-lectures étaient rédigées avec bienveillance et en
cherchant à me ménager, mais… J’ai eu envie de hurler, de me cacher sous ma
couette et puis j’ai laissé reposer quelques heures avant de réagir
calmement. Parce que dans la majorité des
cas, mes bêta-lecteurs avaient raison de me faire telle ou telle remarque. Cela
faisait mal, j’avais beaucoup de travail pour intégrer leurs remarques, mais
ils avaient raison. Et j’ai senti que là, grâce au regard extérieur de ces
personnes, j’allais progresser dans mon écriture.
Selon le nombre de
remarques, la quantité de boulot à faire derrière et son propre degré de
susceptibilité, il est parfois bon d’aller faire un tour à pied, voire un
footing, voire pour les amateurs de boxer dans un sac de toile. Ensuite, on se
penche sur le bébé et on se met au boulot pour transformer le travail des
bêta-lecteurs en… un meilleur texte.
En ce début d’année 2016, et alors que mon pavé de 740 Ksec
est en cours de relecture par des gens qui, à la place, pourraient lire un
Ayerdhal ou le dernier Bordage, j’ai envie d’envoyer à mes bêta-lecteurs,
actuels ou passés, un monceau de petits cœurs. Croyez-moi, ils le
méritent !
Et à charge de revanche, bien sûr !
Et pour en savoir plus sur la bêta-lecture, je vous invite à
lire ce très joli billet de Garulfo sur le blog Tintamare de CoCyclics. Bêta lecture et autres histoires
Et celui de Cécile G Cortes, ici :la bêta lecture, c'est quoi exactement ?
Et je ne t'en remercie que davantage <3
RépondreSupprimerMais c'était un plaisir. J'ai passé un très bon moment avec ton roman, je lui souhaite tout le meilleur !
SupprimerUn bien beau billet brillamment brossé des béta-lecteurs, batraciens ou non, bourlingueurs de bibliothèque ou blancs-becs boutonneux, bosseurs bénévoles et bienveillants, bienfaiteurs bienvenus, bougres bigrement boulimiques de boulot, bourreaux des bavures, braves bénédictins bûchant les brouillons de bouquins avec brio afin de bouter bourdes et boulettes, de bannir balourdises, barbarismes, baragouin, baratin et banalités, de biffer bizarreries et billevesées, j'en suis baba, je dis bravo, bis !
RépondreSupprimerTu me coupes le sifflet ! Quelle prose !
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