T’as pas de C…
… c’est ce que me
sort un soir Lémuri en rentrant du boulot. Elle me tend 2 bouquins ;
des best-sellers français écrits par 2 auteurs à succès que
j’avais jusqu’à présent réussi à éviter et qui passent leur
temps à se « tirer la bourre ». Par discrétion nous les
appellerons respectivement M et L.
« T’as pas de C…
de lire ces 2 trucs. On en parle parfois, mais on ne sait pas ce que
ça vaut. Comme ça on saura ! ».
Les 2 bouquins en
question, dont les titres ressemblent à « Parce-que je ne te
hais point » de M et « Et pourquoi ce ne serait pas
faux ! » de L me sont gentiment mais fermement proposés à
la lecture. Dont acte, finalement elle a raison. Par contre elle se
les tapera aussi, la bougresse. Il n’y a pas de raison !
Je commence par le M.
Je suis tout d’abord
agréablement surpris : Ça se lit tout seul ; des
personnages bien campés, avec leurs fêlures, mais sans vrai
« twist » (il n’y a pas de méchant), et une histoire
assez intéressante qui avance vite. Le cadre c’est les US de nos
jours, donc pas de contrainte de description d’un univers nouveau
avec ses règles et son vocabulaire. En plus l’auteur ménage des
suspens en fin de chapitre ; on est vite happé par le truc.
Comprenons-nous, ce n’est pas très fouillé comme littérature,
mais on retrouve la facilité de lecture du roman de gare. Une sorte
de « easy reading » comme en musique on a l’ « easy
listening ». Et contrairement à ce que laisse supposer le
titre, ce n’est pas de l’eau de rose. C’est une espèce de
thriller.
Cette sensation tient
quasi jusqu’à la fin, même si on se demande tout au long comment
il va réussir à renouer les ficelles de l’intrigue.
Et là on est scotché !
Les pubs sur le bouquin
parlent d’ « Un livre profondément humain et d’un
dénouement stupéfiant » ! Foutage de G…le !
C’est de l’arnaque !
M nous fait le coup du
Deus Ex Machina : Tout ceci n’était qu’un rêve sous
hypnose ! Et quasi depuis le début ! Du coup les suspens
de fin de chapitre deviennent complètement artificiels (il aurait
tout aussi bien pu ressusciter la grand-mère du héros), et les
ficelles de l’intrigue n’ont pas besoin d’être renouées tout
s’explique car c’est un rêve ! C’est de l’escroquerie
de lecteur. On ne m’y reprendra pas.
J’embraye sur le L.
Là c’est nettement
moins bon. On démarre par quelques paragraphes à la concordance des
temps douteuse, des personnages que l’on imagine facilement sous
les traits de Ken et Barbie en un poil moins sophistiqués, dans un
cadre de côte Est des US ou il fait toujours beau et bon se promener
au bord de mer. Ici aussi, ça se lit tout seul ; les dialogues
(à peu près le seul truc à sauver du bouquin) sont vifs et
percutants, et coulent assez bien. Les personnages sont lisses :
aucune fêlure, aucune subtilité, et là encore pas de méchant. En
fait il n’y a pas d’histoire. Juste une suite d’évènements
parfaitement prévisibles sans vrai enjeu ni suspens.
C’est quoi alors le
propos du truc ?
Le
pitch de départ fait dans le fantastique : le héros découvre
dans sa salle de bains le fantôme d’une nana qu’il est le seul à
pouvoir voir, entendre et toucher (voire sauter mais seulement vers
la fin -Oups ! J’ai spoilé -), mais le fantastique ne
rentre dans aucun des ressorts de l’histoire par ailleurs sans
ressorts il faut bien le dire.
Alors quoi ?
Ben je pense que c’est
fait pour que les gens se sentent bien en lisant ça. Les héros sont
bien dans leur peau, le flic qui mène l’enquête est humain et
gentil, le personnage principal est plein de nostalgie quand il
retourne à la maison de famille où il fait bon, il y a des roses et
elle est située en bord de mer ce qui est très pratique pour se
promener en regardant au large avec un air nostalgique.
Ah, oui ! Il y a les
lettres posthumes de maman (qui est morte), qui sont adressées au
héros et qu’il découvre cachées dans ses affaires. Eh non, là
non plus pas de révélation fracassante ou de twist dans l’histoire
genre « t’es le descendant de Jésus mon fils ». Elle
écrit juste pour lui faire part de sa philosophie de la vie qui se
résume à « Il faut te sentir bien et être gentil avec tout
le monde c’est comme ça que tu iras bien ». Voili voilou.
Très franchement :
rien à conserver dans ce fatras de philosophie de bazar sans
intérêt.
Lémuri, toi et tes idées
stupides …
Heureusement qu’elle
les a lu également !
Droit de réponse :
Bien.
Ce n’est pas parce qu’Il (Il = cher et tendre) squatte
son blog façon coucou que Lémuri n’a pas un droit de réponse.
Ce défi était mon idée, et je
l’assume. Na.
Idée qui nous fut douloureuse, certes.
Idée qui a renforcé notre
couple car nous avons traversé l’épreuve de concert. Nous pouvons
dire « On l’a fait ».
Idée qui a pourtant fait naître entre
nous un sentiment inconnu jusqu’à présent : la suspicion.
Nous nous sommes surveillés réciproquement. Lui, surtout, voulait
être sûr que je ne sautais aucun passage, ne prenais aucun
raccourci. Par contre, comme Il a lu ces deux romans aux toilettes,
je ne pouvais pas faire la même vérification à moins d’y placer
une caméra de surveillance. Nous n’avons pas sauté ce pas.
Idée stupide ? Voire. Nous avons
maintenant la possibilité de dire avec fierté : L ? Ah
oui, je connais, merci. J’en ai lu un, ça m’a suffit.
Et non plus : M ? La vache,
il vend des milliards de milliards de bouquins, et il y a plein de
gens qui disent que ça ne vaut pas un kopek.
Je pourrais désormais camper sur ma
position. J’ai dorénavant beaucoup de respect pour L et M, pas
pour leurs qualités d’écrivains, mais uniquement pour leur niveau
de ventes. Veni, vidi et je n’y reviendrai plus.
ATTENTION : ce défi a été
réalisé par des professionnels. Ne faites pas ça chez vous !
Et maintenant, si vous lisiez tous les deux un roman genre "l'instinct du Boucher" d'un monsieur que nous appellerions "D" ?
RépondreSupprimerPas tous les bonheurs de façon trop rapprochée, Franck ...
RépondreSupprimerOh là là, je n'aurais pas dû venir lire cet article tout de suite. Je suis morte de rire... Bon, ce ne sont clairement pas des auteurs pour vous, dirons-nous de façon politiquement correcte.
RépondreSupprimer(ni pour moi, d'ailleurs, car oui, j'ai lu un titre de chaque)
(L à cause de belle-maman, le même titre que vous d'ailleurs : je ne crache pas dessus mais je n'ai pas envie d'en découvrir d'autre non plus, même si ma belle-soeur archi fan les achète et lit tous et sait donc en parler avec beaucoup de passion)
(M par contre j'avais vraiment apprécié le titre lu - pas le même que vous, pour la peine - mais ses autres pitch ne m'ont pas convaincue de récidiver, pour le moment ; enfin, on va dire ça)
Pour M également, je crois que c'était son 1er bouquin. peut-être que depuis il s'est acheté un scénariste !
RépondreSupprimerAh au fait, André Woodcock (mon pseudo), c'est Monsieur Lémuri; enfin c'est pas mon vrai nom non plus, hein ,...
Hahahahahahaha :D Merci pour cette belle crise de rire !
RépondreSupprimerLes Lémuri lisent du Marc Lévy, c’est énorme :D :D :D
Sérieusement, je suis fasciné par ces auteurs de best-sellers. On adore ou on déteste, mais il faut bien reconnaître qu’ils ont trouvé une « recette ». Je trouve ça assez incroyable !
Ils ont bien trouvé une recette mais ça reste de la daube.
RépondreSupprimerProchainement un papier sur le Galileo codex ???
Nan, j'déconne. Autre chose à lire !
RépondreSupprimerNan, le Galileo bidule, j'ai essayé et pareil, c'est fini. J'ai revendu le bouquin après avoir 50 pages de clichés insupportables pour 2 euros à la brocante. Ca ne méritait pas plus. Et les deux best sellers L et M ont été empruntés à la bibliothèque, gratuitement.
RépondreSupprimerMerci en tous les cas à tous pour votre passage, et heureuse de voir que nous vous avons fait rire avec nos défis débiles !!!
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