Titre : Seul
sur Mars
Auteur : Andy
Weir
Editeur : Bragelonne
Editeur : Bragelonne
Nombre de pages :
404
Quatrième de couverture :
Quatrième de couverture :
Mark Watney est l’un des premiers humains à poser le pied
sur Mars. Il pourrait bien être le premier à y mourir.
Lorsqu’une tempête de sable mortelle force ses coéquipiers à
évacuer la planète, Mark se retrouve seul et sans ressources, irrémédiablement
coupé de toute communication avec la Terre.
Pourtant Mark n’est pas prêt à baisser les bras. Ingénieux,
habile de ses mains et terriblement têtu, il affronte un par un des problèmes
en apparence insurmontables. Isolé et aux abois, parviendra-t-il à défier le
sort ? Le compte à rebours a déjà commencé…
A lire absolument si on aime :
De la SF, de la vraie, de la tatouée
Le suspens, l’action, l’intelligence, les maths, le disco, heu…
A éviter si on cherche :
Je ne vois aucune contre-indication. Vraiment.
L’avis du critique :
Hum.
Je n’aurai point de repos tant que je n’aurais pas écrit une
chronique digne de ce nom pour ce roman. Non, mais, c’est vrai, quoi. Je me
suis régalée et je viens me joindre sans arrière-pensée au concert de louanges
que récolte ce bouquin.
A la base, Seul sur Mars ressemble à un Robinson Crusoë de
l’espace. Sauf que Robinson avait Vendredi et Mark Watney est seul, au moins au
début du roman, tant qu’il ne peut communiquer avec personne, et que la
probabilité pour qu’un vaisseau passe par hasard près de Mars et vienne à son
secours est nulle.
Accessoirement, il n’y a ni air respirable ni nourriture sur
la planète rouge, à l’état naturel, alors Robinson est un petit joueur à côté
de mon nouveau héros universel.
Pourquoi c’est si bien ?
D’abord parce que ça se lit tout seul. L’auteur ne
s’embarrasse pas d’envolées lyriques, son style est simple, direct et efficace.
C’est logique, parce qu’on parle de la survie d’un homme et d’un compte à
rebours. Si vous voulez des descriptions interminables sur la beauté des
rochers martiens, c’est pas le bon bouquin.
Ensuite par le choix narratif très futé : Mark Watney
enregistre son journal à la première personne et au présent, donc on est en
immersion immédiate. Tout ce qui se passe sur Terre, ou en cours de voyage
spatial, est à la troisième personne et au passé. Le lecteur n’est ainsi jamais
perdu et a l’impression de suivre l’affaire en direct.
Également par le réalisme de l’aventure. Je ne suis pas une
experte en voyages spatiaux, mais vraiment, on y croit. Andy Weir a très
habilement camouflé quelques technologies futuristes dans un ensemble réaliste,
car déjà dans les cartons des agences spatiales mondiales. (*) On est dans de la hard
science mais pas chiante, et c’est mon dernier point.
Enfin, surtout, coup de cœur pour le ton de l’histoire. Mark
Watney est un mec génial, pas seulement parce qu’il est intelligent,
multitâches, incroyablement courageux, que jamais il ne pleurniche, vraiment
jamais, qu’il a un sens du bricolage ahurissant et est constamment en recherche
d’idées pour sauver sa peau ou améliorer sa retraite forcée. Il est génial
surtout parce qu’il a un humour et un sens de l’auto-dérision absolument
salutaires dans un tel roman. A aucun moment il ne se prend pour Superman, il
ne nous fait le coup du grand moment d’auto instrospection qui me hérisse dans
nombre d’œuvres bien pensantes. Quand il dit qu’il est le meilleur botaniste de
Mars, que voulez-vous, c’est la réplique qui tue. Sauf qu’il y en a plein comme
ça dans ce roman. Lisez le, vous vous ferez du bien. Un héros positif comme ça,
c’est un bonheur. Même quand il critique le disco.
Je ne spoile pas en disant que Mark Watney survit. Non,
parce qu’il aurait été écœurant que le roman se résume au spectacle de l’agonie
d’un homme abandonné sur une planète aride. En cela, ce texte représente à mes
yeux une avancée morale autour de la conquête spatiale à l’heure où une
initiative privée envisage d’envoyer des hommes et des femmes
« coloniser » Mars façon télé-réalité dans un voyage en aller simple.
Là, pour le coup, si le projet va à son terme, nous assisterons, petit à
petit, à la mort de ces gens, alors que
nous-même siroterons un apéro en face de nos écrans. De ce que j’ai pu lire sur
le sujet, les chances de survie des colons selon nos connaissances
actuelles sont très faibles, ne
serait-ce qu’à cause de la longue exposition aux particules durant le voyage, et
sur Mars même, qui ne bénéficie pas comme notre chère Terre d’une magnétosphère
protectrice. Franchement, Mars One ne me fait pas rêver. Son côté « low
cost » m’effraie.
Seul sur Mars se
rapproche bien plus d’Apollo 13 (j’ai adoré le film) où les experts de la NASA
se bagarrent pour ramener sains et saufs les astronautes accidentés, alors que
la Terre entière retient son souffle (et le spectateur aussi, d’ailleurs, même
si là aussi, il connait l’issue heureuse de l’histoire).
Seul sur Mars ne la joue pas « low cost » :
la NASA se défonce pour trouver comment sortir Watney de sa mort programmée,
une solidarité internationale se met en place. Les moyens nécessaires sont
déployés pour sauver un homme. Je suis peut-être naïve, incorrigiblement
optimiste, mais j’ai trouvé ça beau et profondément humain. De la SF optimiste,
ça vous dit ? Moi, je dis oui. Je lis pour rêver et pas pour désespérer,
pour regarder devant moi sans crainte, et pas me lamenter sur le passé, j’aime
la SF qui m’aide à avancer tout en m’ouvrant les yeux. L’apocalypse est
peut-être devant nous, est-ce la peine de ne parler que de ça pour
autant ? Honnêtement, un texte désespérant peut être magnifiquement bien
écrit, chez moi, il restera sur le rayonnage (parfois même chez le libraire),
sagement rangé à côté des autres œuvres « littérairement correctes »
qui font bien dans le paysage bibliophile. Il n’aura pas l’honneur de faire un
passage éclair sur ma table de nuit et de m’inciter à lâcher ce que j’ai à
faire pour lire, allez, juste un chapitre de plus… et encore un…
Andy Weir vient de rentrer dans ma liste chouchou des
« auteurs à suivre de près » en SF. J’espère de tout cœur que ses
opus suivants seront du même acabit. Vu le succès de son roman, il doit se dire
la même chose, le pauvre. J’imagine à peine la pression qu’il doit subir…
(*) Pour les sceptiques et les fans de science, je vous invite à lire ce très intéressant
article du CNRS où des scientifiques avec des vraies connaissances dedans
disent le bien qu’ils pensent du roman, et les quelques bémols qu’ils ont, bien
sûr.article du journal du CNRS clair et parfait pour les billes en science comme moi.
Tu me donnes envie :)
RépondreSupprimerC'est le but. ^^
SupprimerComme je suis heureux que tu aies aimé ce roman ! Au-delà de ça, je suis ravi que le ton optimiste te parle, c'est précisément ce qui me plait en ce moment dans la SF. Je pense que, comme toi, je fais un peu un rejet des univers glauques. Je suis pourtant un fan de films tels que Blade Runner et Alien, et j'adore la Compagnie Noire, Elric... Mais je suis de moins en moins en phase avec l'idée qu'une oeuvre mature est nécessairement sombre, comme si une fin dramatique était la seule qui soit digne d'intérêt. Tu as bien raison de parler d'Apollo 13, je pense effectivement qu'on peut amener de l'émotion sans pour autant sombrer dans la tragédie.
RépondreSupprimerHâte de connaître ton avis sur le film ;)
Merci de ton passage, Amiral ! C'est sûr que ton conseil a été excellent, de nouveau. Et en effet, l'époque est suffisamment anxiogène pour qu'on n'ait pas besoin d'en rajouter une couche dans toutes les œuvres de fiction.
RépondreSupprimerPour le film, j'attends ce soir avec impatience. Je ne manquerai pas de donner mon avis !
:D
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